Notre Profession de foi

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La jeunesse africaine est imprégnée des téléologies élaborées par les panafricanistes du début du XXème siècle et prolongées par ceux des années 60 qui dessinaient un horizon de liberté et d’unité.

Nous avons appris de la longue quête de l’unité initiée par les visionnaires des Etats-Unis d’Afrique qui avaient rêvé de la fédération. Nous rendons hommage à tous les dignes devanciers qui ont visualisé les conditions de réalisation de la dignité de l’Afrique.

Nous avons reçu en héritage l’urgence de redécouvrir les origines africaines de l’humanité et, ainsi, de mettre fin au révisionnisme qui fonde le complexe d’infériorité.

Nous sommes bercés par plusieurs injonctions :

  • « Africa Must Unite ! »
  • « Chaque génération doit, dans une relative opacité trouver sa mission, la remplir ou la trahir. »

En fait de mission, à l’orée de ce siècle, nous choisissons de remplir la nôtre ; nous prenons acte des transformations qui ont modifié la face de la terre au cours de ces décennies :

  • la fin du paradigme bipolaire qui a dilué l’obsession de la sécurité et le paradigme idéologique ;
  • la transformation de la violence qui s’accompagne de la quête du soft power et de l’investissement dans la guerre économique ;
  • l’émergence de narrations diverses et concurrentes qui recomposent les échiquiers politique, économique, technologique et culturelle…

Nous avons la conviction que par-delà ces transformations majeures, la téléologie de l’unité africaine a gardé sa pertinence et sa fraicheur. Nous savons également que l’Afrique a toujours besoin de se libérer. De se libérer de ces fers qui n’en ont pas l’air : l’aide internationale et la marginalisation internationale. Néanmoins, notre génération actualisera cette quête avec les mots de son époque. Elle deviendra une quête de puissance.

Nous, peuples d’Afrique, rêvons d’une puissance africaine qui s’étend du Cap au Caire, de Port Louis à Mogadiscio, de Windhoeck à Asmara, de Casablanca à Tananarive et qui se nourrit de la diversité, de la richesse et de la soif de ses diasporas. Une puissance africaine qui dispose d’un agenda autonome, qui a une voix qui compte et qui impose respect et dignité. S’il en était encore besoin, ces décennies nous ont légué une terrible leçon : rien ne sous sera donné et nous serons les artisans de cette quête que nous voulons méthodique et progressive.

Nous ne redoublerons pas d’ardeur pour décrire et décrier les maux qui minent notre continent, en usant des mots les plus sombres et les plus ardents. Nous condamnons à mort le mimétisme et le psittacisme ; l’incantation et la démagogie, l’afropessimisme autant que l’afroferveur. Nous tournons le dos aux concepts creux et aux attitudes illusionnistes à l’effet d’investir les lieux de la pensée, la pensée qui inspire et nourrit l’action.

Nous, jeunes Africains de notre siècle, nous n’épargnerons aucun effort pour réaliser la puissance africaine en dépit de la balkanisation historique de notre continent et du syndrome actuel des sécessions. L’Afrique compte 54 pays issus d’un tracé arbitraire. Mais aujourd’hui, nous savons que le sentiment d’être un seul peuple est plus fort que la succession des crises aux frontières et autres guerres fratricides qui ont jonché notre histoire récente. Plus encore, nous établirons un pont entre le continent et ses diasporas, entre les diasporas et la terre mère. Tous les fils et filles d’Afrique, d’ici et d’ailleurs, sont issus de la même matrice. Ils se retrouveront. Ils chemineront ensemble. Ils seront unis. Nous nous engageons à poursuivre le travail d’élaboration d’un narratif fraternel et de construction des lieux de ces retrouvailles. Par-delà les frontières artificielles et les différences socioculturelles érigées en murs, nous formons un seul peuple : l’Afrique ; nous nourrissons une seule vision : la puissance africaine.